Santhiou Bouna

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13. Anatomie

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


L’après-midi, avec les femmes, j’aide à éplucher le bissap. On détache la fleur charnue de la capsule de graines qui se tient au centre. J’apprends vite, elles sont contentes que je participe à leur activité. La mère d’Amadou me fait comprendre que je dois ensuite bien me laver les mains. La capsule de graines est tapissé d’un duvet urticant dont il faut se débarrasser avant qu’il s’incruste dans la peau. Un enfant m’amène donc la barada.

Deux griotes sont venues d’un village voisin et tressent les cheveux de Ndeye et Penda. La plus âgée se met à chanter louanges et prospérité sur la maison Ndiaye. On lui donnera un peu d’argent pour ces belles paroles.

Je sors deux livres d’anatomie de mon bagage et on s’attroupe pour venir regarder. La page sur le foetus, qui illustre le développement mois par mois depuis le premier jour remporte un vif succès. Il y a même une représentation de l’utérus avec des jumeaux. Les discussions vont bon train.

On me fait réciter la comptine "Tank, loxo, nopp, bakkan, baat, beut, gemign". Il faut simultanément désigner les parties du corps : jambe, bras, oreille, nez, cou, oeil, bouche. J’apprends aussi langue, lamign, dent, beugn, front, dieu, nuque, loss, poitrine, deunn, ventre, biir, dos, guénao, doigt, baram, ongle, huè, et j’apprends même costèn, la malléole.

Vers cinq heures, je retourne au baptême. Dans le chemin j’entends la musique. On a amené un radio-K7 et deux enfants accompagnent Youssou Ndour de leur tam-tam. De grosses boîtes de conserve sur lesquelles on a tendu une peau et qu’on frappe d’une petite branche au bout recourbé. Les garçons dansent entre eux à la mode wolof, en levant les genoux et en agitant les coudes. Moussa veut que je vienne danser avec lui. Il faudra que j’apprenne ça, mais je ne me sens pas de m’y mettre devant autant de public.

Les hommes sous l’arbre font du thé, on passe les verres comme on ferait tourner un joint. On se pose des casse-tête à base de cordes et de noeuds. Je donne des poses à quelques groupes et vais oberver les femmes qui préparent des dizaines de kilos de riz et de mouton.

Diao s’empare d’un plat et nous entraîne chez lui le manger au calme. C’est là que je découvre qu’il a une femme et un bébé.

Le bébé est très menu. Quand je demande son âge on m’annonce qu’il est né début juillet, quant à son poids, c’est moins de deux kilos. Sa mère n’a pas assez de lait. Diao, fataliste, rit. Mon coeur d’occidental s’inquiète.

Pourquoi une autre femme ne lui offre-t-elle pas le sein ? Parce que ça ne se fait pas. A-t-il été au dispensaire, à Ngaÿ pour consulter ? Oui et le médecin a juste dit que le bébé était en bonne santé, qu’il faudrait lui donner des biberons en complément. Lundi, nous profiterons donc des calèches qui vont au marché pour essayer d’acheter ce qu’il faut.


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