jeudi 13 février 2003, par Christophe D.
Bécaye essaie de me convertir : « Musulman c’est pas difficile ! », et de se lancer dans l’énumération des cinq piliers de l’islam, que nous commentons longuement.
— Ce qui est difficile, ce sont les interdits : tu ne dois pas toucher aux
choses interdites. On te montre des choses que tu ne dois pas goûter.
Et puis il ne faut pas aller avec d’autres femmes ! Heureusement on peut
avoir plusieurs femmes...
— Oui et je ne suis pas trop d’accord avec ça. Je ne suis pas trop d’accord avec
la condition que vous faites aux femmes. Les hommes sont toujours avantagés.
Elles ne peuvent pas prendre plusieurs maris, et en plus elles se tapent
toutes les corvées.
— C’est pas comme ça. Normalement c’est l’homme qui doit faire le travail.
La femme on doit lui fournir le confort et elle doit élever les enfants.
— Alors pourquoi ici ce sont toujours les femmes qui font tout à la maison.
Au village les hommes ne font presque rien à part les labours en juin et les
récoltes en octobre. Et pourquoi ce sont toujours les femmes qui vont
chercher l’eau ?
— Ca, c’est pas l’islam, c’est la tradition du village.
Il change de sujet :
— Mais qui t’a donné ça...
Bekaï inspire profondément en posant la main sur sa poitrine.
Il veut parler de la vie, du souffle de la vie.
— Mes parents.
— Et qui l’a donné à tes parents ?
Ça va nous entraîner dans une discussion qui durera l’après-midi.
Comme j’ai justement amené des livres sur le corps humain, sur les origines de la vie, sur notre planète, le système solaire et les galaxies, j’envoie Chérif les chercher, ainsi que mon bloc de papier et mes feutres, car je sens que je vais avoir besoin de dessiner pour m’expliquer.