Santhiou Bouna

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17. Bécaye (3)

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


Bécaye essaie de me convertir : « Musulman c’est pas difficile ! », et de se lancer dans l’énumération des cinq piliers de l’islam, que nous commentons longuement.

  1. La profession de foi :
    « la ilaha illa’Llah » il n’y pas de divinité autre que Dieu
    « Muhammadun rasulu’Llah » Mohamed est son messager
    Ça c’est le point qui me poserait le plus grand problème.

  2. Les cinq prières quotidiennes.
    Ce sont autant de rappels à l’hygiène, d’injonctions à interrompre ce qu’on est en train de faire, et donc d’avoir une chance de se reprendre si on est en train de faire quelque chose de mauvais.

  3. La zakat, c’est à dire la charité aux plus pauvres de la communauté.
    Donner chaque année au moins 2,5 % de ses biens et économies, c’est un geste redistributif bien avant notre impôt sur le revenu. Celui qui n’a rien doit travailler et donner un peu de ce qu’il aura récolté en aumône. Chacun doit aussi éviter de faire du mal, c’est aussi déjà aumône. Même sourire est une aumône accessible à tous.

  4. Le jeûne du mois de Ramadan.
    Il est bénéfique physiquement et physiologiquement, mais surtout en rapprochant tous les hommes de la souffrance des plus pauvres, il doit augmenter leur conscience.

  5. Le pélerinage à La Mecque.
    C’est un désastre au Sénégal. Ici les gens s’endettent et mettent en danger la survie de leurs propres enfants, car ils le perçoivent comme un passeport pour le Paradis. Bécaye me confirme que le pélerinage n’est pas une obligation, mais qu’il doit rester une ambition à laquelle un musulman ne doit jamais renoncer.

— Ce qui est difficile, ce sont les interdits : tu ne dois pas toucher aux choses interdites. On te montre des choses que tu ne dois pas goûter. Et puis il ne faut pas aller avec d’autres femmes ! Heureusement on peut avoir plusieurs femmes...
— Oui et je ne suis pas trop d’accord avec ça. Je ne suis pas trop d’accord avec la condition que vous faites aux femmes. Les hommes sont toujours avantagés. Elles ne peuvent pas prendre plusieurs maris, et en plus elles se tapent toutes les corvées.
— C’est pas comme ça. Normalement c’est l’homme qui doit faire le travail. La femme on doit lui fournir le confort et elle doit élever les enfants.
— Alors pourquoi ici ce sont toujours les femmes qui font tout à la maison. Au village les hommes ne font presque rien à part les labours en juin et les récoltes en octobre. Et pourquoi ce sont toujours les femmes qui vont chercher l’eau ?
— Ca, c’est pas l’islam, c’est la tradition du village.
Il change de sujet :
— Mais qui t’a donné ça...
Bekaï inspire profondément en posant la main sur sa poitrine.
Il veut parler de la vie, du souffle de la vie.
— Mes parents.
— Et qui l’a donné à tes parents ?
Ça va nous entraîner dans une discussion qui durera l’après-midi.

Comme j’ai justement amené des livres sur le corps humain, sur les origines de la vie, sur notre planète, le système solaire et les galaxies, j’envoie Chérif les chercher, ainsi que mon bloc de papier et mes feutres, car je sens que je vais avoir besoin de dessiner pour m’expliquer.


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