Santhiou Bouna

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2. Le car rapide

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


Nous sommes partis le mardi de bonne heure. Direction le garage (gare routière) où on trouve des cars pour Méckhé. C’est un vaste parking où on vous accueille par des noms de destinations qui sonnent vide à mes oreilles. Je vais à Méckhé mais le nom wolof est Ngaÿ.

On vous dirige vers un "car rapide". Il s’agit d’estafettes dans lesquelles sont aménagés une quarantaine de places par rangées de cinq. On y est très serré, le siège du milieu est un strapontin sommaire sans dossier. Les autres places obligent à des contorsions pour disposer ses genoux. On se touche forcément, on doit trouver des compromis pour placer ses épaules. Le véhicule est forcément branlant, bruyant et débite une radio approximative. Des hommes, certains en boubou, les vieux bien emmitouflés, des femmes avec ou sans enfants, certains portent des marchandises dans des seaux fermés, d’autres des baluchons ou des sacs de plastique (mouss). On entrepose les gros bagages sur la galerie. Le conducteur a généralement tapissé le haut du pare-brise de photos de famille, de lutteurs ou de chanteurs (Youssou Ndour a les honneurs).

L’apprenti est un adolescent en tongs qui fait le voyage sur le marchepied à l’arrière, il tape avec une pièce sur la vitre ou avec sa main contre la carrosserie pour demander un arrêt ou inviter le conducteur à redémarrer. Il collecte l’argent des voyageurs : le "pass". Pour aller à Ngaÿ, il en coûte 600 francs CFA (6 FF), plus une surprime car nous partons d’un "garage".

On ne part que quand le car est plein. On paye avant de monter et on reçoit un coin de journal déchiré en échange sur lequel est écrit le prix payé.

En attendant, les marchands ambulants passent sous les fenêtres : assortiments de mouchoirs, briquets, lunettes, montres, biscuits, noix de cola, etc. Un mendiant vient faire sa litanie coranique.

Enfin on est complet. Avec la recette, le conducteur fait une pose à l’essencerie pour faire le plein. Puis c’est le départ. Sortir de Dakar est pénible à cause des embouteillages. Sur les 80 premiers kilomètres il n’y a qu’une seule route (à quatre voies) pour sortir de la capitale et irriguer le reste du pays.

On s’arrête souvent pour abandonner un passager ou en prendre un nouveau. Si le car se vide trop, le conducteur risque de nous débarquer et nous revendre à un autre car. Heureusement, ce ne sera pas le cas.

Moins de trois heures pour atteindre Méckhé. L’apprenti descend mon sac à dos de la galerie et nous réclame les "tickets" pour vérifier que nous avons bien payé le prix de notre destination. Il les récupère car ils re-serviront.

Le village est à quelques kilomètres à l’écart de la route, Amadou va chercher quelqu’un qui pourrait nous y conduire. J’attends avec mes sacs à l’ombre sur le bas côté. Il a finalement trouvé un homme qui va nous amener avec sa 4L moyennant 2000 francs. J’accepte.

Chaque cahot du chemin de sable semble devoir briser la mécanique, la carrosserie se déhanche bruyamment et les amortisseurs crient.

Nous voila arrivés. Le village s’appelle Santhiou Bouna.


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