Santhiou Bouna

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24. Les larmes du départ

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


On se lève dès le lever du jour.

Penda arrive dans la chambre dès que j’ai eu fini mon petit déjeuner. Elle est là assise sur le lit à me regarder regrouper mes affaires et boucler mon sac à dos. Sans les livres, les lampes, les piles, les jeux et la tondeuse, je suis beaucoup plus léger.

Quelques élèves font le détour avant de rejoindre l’école pour venir me faire leurs adieux. Chérif a mis sa casquette rouge. Les amis arrivent les uns après les autres pour me saluer. Je prends rendez-vous dans un an. « Oui, je reviendrai en novembre, inch’Allah ! »

Il faut partir maintenant. Diao nous attend dans le chemin avec son cheval. Je dis au revoir à Penda, lui fait la bise selon la coutume des toubabs. Et là en une seconde, comme dans les dessins animés japonais, ses yeux se brouillent et deux grosses larmes coulent sur ses joues. J’attrape ses mains, la serre contre moi, je voudrais la consoler, mais comment s’y prendre sans ajouter encore de l’affection qui rendra la séparation plus douloureuse ? Moussa avait raison et je ne voulais pas le croire. Aujourd’hui, certains vont pleurer parce que je m’en vais.

Nous sortons du village par le chemin le plus court qui mène à la route.
— On a oublié de prendre du bissap pour madame Fall ! s’exclame Amadou.

Arrêt donc. Amadou et Diao vont faire la cueillette et on interpelle un gamin pour qu’il courre nous chercher un sac plastique. Jeanne pourra faire de la bonne confiture avant mon départ, elle en offrira à Amadou et j’en ramènerai quelques pots.

On repart, le cheval trotte et à mon tour, dans les cahots du chemin, mes yeux s’embuent. Alli, alli, alli...


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