Santhiou Bouna

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3. Les salutations

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


Rapidement, les amis viennent me saluer. Ndeye, Sidi, la mère d’Amadou, Ali, Penda, Ndiogo, Diao, Mbolé, Fatma, Khadi, Moussa, Modou, Pape, Gorgui, Ablaye, et tous les enfants dont je ne retiens pas les noms. On ne s’embrasse pas mais on se sert la main et on essaie de se saluer malgré les problèmes de langage et de culture.

Les wolofs se saluent longuement en répétant le nom de famille de leur interlocuteur. En français ça donnerait :

— Durpaire
— Ndiaye
— Durpaire, Durpaire
— Ndiaye
— Durpaire
— Ndiaye, Ndiaye
— Comment ça va ?
— Ça va droit.
— Comment va ta maison ?
— Ils vont bien. Comment ça va ?
— Ça va droit. Comment ça va en France ?
— Ils vont bien.
— N’es-tu pas malade ?
— Non.
— Comment va ton père ?
— Il est en forme. Es-tu en bonne santé ?
— En bonne santé. Comment ça va à Dakar ?
— Ils vont bien.
— Es-tu en bonne santé ?
— Grâce à Dieu.
— Grâce à Dieu.

Quand on marche dans le village, on doit saluer systématiquement ceux qu’on croise, même si on les a vus dix minutes plus tôt, et comme la moitié du village sont des Ndiaye, les débuts de salutations ont un côté étrange : chacun répète "Ndiaye" plusieurs fois sans écouter l’autre...

Il est midi passé, mais le repas n’est pas prêt, on mangera plus tard. Je m’installe à l’ombre sur la natte (bassane) et on commence les bavardages.

Comme les photos de l’année dernière, que j’avais passé des heures à tirer, ne leur sont jamais arrivées, j’ai fait des agrandissements laser au format A4 la veille de partir.

Les gens du village n’ont ni l’habitude du papier, ni l’habitude des photos. Ils tiennent maladroitement les feuilles devant eux, un peu de biais, se les arrachent des mains, les laissent tomber ou s’assoient dessus. Fort de mon expérience je les ai heureusement protégées dans des pochettes de classeur en plastique.

Chacun en veut mais je ne donne qu’à ceux qui sont sur le cliché. Chacun commente, s’excite de voir les visages connus. D’autres villageois arrivent, les enfants s’en mêlent et on est submergés. Modou arrache un rameau à l’arbre qui nous abrite. Il l’effeuille d’un geste et commence à menacer. Il frappe en faisant siffler l’air et les enfants s’égaillent en poussant de grands cris. Dix secondes après ils sont revenus. Sidi se fâche à son tour et expulse les enfants de la "maison".


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