Santhiou Bouna

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4. Boubacar

lundi 31 mars 2003, par Christophe D.


J’avais pensé m’installer avec mon lit dans la case du défunt Ngouda Ndiaye mais elle n’a pas été entretenue, il n’en reste plus qu’un côté et le toit. Je dormirai donc dans la chambre d’Amadou. Khady ira habiter chez la mère de sa mère le temps de mon séjour, on enlèvera son matelas pour faire une place à mon lit de camp. Quant à Boubacar, le dernier né, il dort de toute façon avec Amadou et Ndeye.

En janvier j’avais reçu cette lettre d’Amadou :

Bonjour mon ami christophe durpaire c’est Amadou qui écrit cette lettre à dakar. Je vous salue plusieurs fois quand ta moi je remercie le bond dieux et je remercie toi. Je te dit que Ndèye est accouchée depuit janvier le 16 2000 a mon village Santhiou Bouna elle a un garçon le 1er nom c’est Boubacar le 2e nom du bébé c’est christophe durpair. [...] Je vous dit que le petit christophe est la, le grand christophe est en france [...]
Réponse tu fait l’adresse chez Jeanne Fall. Je suis téléphone plusieurs foids chez toi tu me dit pourquoi je ne te reçois pas.
Tous les villageois vous apportent beaucoup de salus mercie.

Le second prénom de Boubacar, c’est donc Christophe, mais on l’appelle Bouba. Il commence à marcher, a quelques dents devant, mais Ndeye le nourrit toujours au sein. Quand il la mord elle pousse un petit cri et rit de bon coeur. Le soir, Ndeye installe une "toile" en plastique recouverte d’un pagne plié à côté de sa place sur le lit familial. C’est là que Bouba dort, contre elle. Quand il se réveille parce qu’il a faim, elle se tourne de son côté sans vraiment se réveiller et lui offre à têter. S’il fait pipi, elle change le pagne et se recouche non sans lui offrir son sein pour le réconforter.

Amadou, Ndeye et Bouba dorment sous la couverture qui servait à caler le contenu de ma cantine. C’est une couverture de laine, rouge et verte, que je tiens de mon oncle et ma tante. Elle a aussi tout de suite plu à Amadou. Bien épaisse et bien chaude. Moi j’ai moins froid qu’eux et trouve mon drap bien suffisant.

Le matin, vers six heures, quelqu’un vient frapper un coup bref à la tôle de la porte. Amadou répond brièvement et quelques minutes après il se lève, remplit la barada et sort faire ses ablutions et prier. Puis il revient se coucher et Ndeye lui laisse Bouba pendant qu’elle va se laver et prier à son tour.

C’est en général un peu plus tard, pendant que nous nous sommes rendormis, qu’on entend une voiture traverser le village. C’est le livreur de pain. J’ai appris un matin que c’est la mère d’Amadou qui vient frapper au lever du jour et qu’en sortant prier il lui donne de l’argent pour acheter le pain de mon petit déjeuner.

Je dors en général jusque vers 7h30. Je me lève et plie mon sac de couchage pendant que Ndeye habille Boubacar. Puis elle l’attache dans son dos, retire le drap de leur lit et recouvre soigneusement le matelas avec la nouvelle couverture. Je crois que le vert est sa couleur préférée.

Enfin réveillé je prends à mon tour la barada et vais aux toilettes chez Modou Ndiaye le boutiquier où il y a des WC à la turque. Ensuite j’attends que Ndeye ait été chercher de l’eau pour moi et je prends ma douche du matin. L’eau n’est jamais froide. Cette année la poule rousse n’est plus là pour venir me saluer, ce sont trois poussins qui se faufilent sous la clôture et viennent boire mon eau savonneuse en tendant le cou bien haut pour déglutir.

Je me suis mis au kinkeliba. Ndeye fait bouillir les feuilles trois fois avant de me le servir. C’est plus long à préparer que le Nescafé, mais c’est meilleur et ça ne coûte rien sinon un peu de sucre.

Je mange mon pain tartiné de choco-mousse, bois mon kinkeliba, et puis voilà, la journée va pouvoir commencer.


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