Santhiou Bouna

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5. La récréation

lundi 31 mars 2003, par Christophe D.


Il est bientôt onze heures, l’heure de la récréation, je vais à la rencontre d’Abdou Babou SAKHO, le maître d’école. Les gens que je croise m’interrogent

— Fo diem ? où vas-tu ?
— Man ngi dem lekkol. Je vais à l’école.

En chemin je rencontre quelques écoliers qui venaient justement profiter de la pause pour venir me saluer. Ils me prennent la main et font demi-tour pour m’accompagner.

Cette année, des branches de soump et de cadd bien piquantes ont été fichées dans le sol pour délimiter le périmètre de la cour de l’école. C’est pour empêcher que les moutons et les chèvres ne viennent y traîner.

Le soleil tape déjà fort mais un groupe de garçons, élèves ou non, jouent au ballon et soulèvent un nuage de sable. Je trouve Sakho en train d’écrire un texte au tableau.

La visite de l’inspecteur

Les enfants sont dans la cour de l’école. De petits groupes se forment ça et là. Sidi et ses camarades s’amusent dans un coin non loin de leur classe. Soudain une voiture klaxonne et s’arrête devant le portail. Un homme en descend. C’est un petit monsieur d’une cinquantaine d’années avec des cheveux tout grisonnants. Il tient un gros cartable à la main.

Bonjour Monsieur l’inspecteur ! par ici s’il vous plaît ! lui dit Monsieur Gomis, venu à sa rencontre. Ensemble ils se dirigent vers le bureau du directeur.

Personne n’a de manuel, Sakho recopie donc le texte du jour au tableau et fait travailler sa classe oralement ou sur les ardoises. Le coût des fournitures de base pour un élève s’élève à environ 5000 CFA, une somme pour n’importe quel villageois puisqu’ici on cultive mais on n’a pas de salaire. La plupart des parents ont bien acheté un cahier à leur enfant, mais les normes d’enseignement imposeraient que chaque élève dispose de six cahiers : français, calcul, histoire-géo, composition, récitation et enfin un cahier de brouillon. J’ai bien dans mon bagage un quarantaine de bics bleus de bonne qualité et j’avais prévu de l’argent pour acheter d’autres fournitures, mais pas de quoi fournir toute la classe en livres et cahiers. Il faudra faire des choix.

Les élèves reviennent. Certains sont rentrés chez eux entre temps et tiennent leur tee-shirt retroussé pour porter une petite provision d’arachides qu’ils partagent parcimonieusement avec leurs amis. Il commence à faire faim et la classe ne terminera qu’à treize heures.

Je conviens de revoir Sakho ce soir pour discuter de ce que je peux faire de plus utile pour les fournitures manquantes et rentre me poser à l’ombre chez Amadou.

Puisque les élèves sont à l’école, inutile de sortir un jeu compliqué. Comme l’année dernière [1] j’ai amené un jeu de mikado. Ici il a été rebaptisé "bant" ou jeu des bâtons et les enfants s’en souviennent très bien.

Aïda est une des rares filles assidue aux jeux que j’organise. Tout le monde connaît le pot de plastique orange qu’elle promène avec elle dans le village. Elle revend des petits citrons que sa mère achète au marché de Ngaÿ le lundi. Comme elle passe justement elle s’installe avec nous sur la natte pour quelques parties.

Notes

[1] cf. Mon voyage n° 6


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