Santhiou Bouna

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2. La nouvelle classe

lundi 31 mars 2003, par Christophe D.


Allé chez Ndir à la rencontre d’Abdou Sakho le maître d’école. Il était dans sa chambre en compagnie du nouveau maître. Son nom c’est Igrahima Dieng. Il vient de Pikine dans la grande banlieue de Dakar.

On a parlé de la nouvelle classe. Trop petite. Les maîtres auraient voulu une classe comme celles qu’une ONG japonaise finance dans certains villages et non une réplique de la classe existante. Et des logements de fonction, et des tables-bancs de meilleure facture, car celles-là ont des plateaux en aggloméré qui ne vont pas résister et pas de casier pour poser les affaires. Et puis il manque un bureau et une chaise pour le maître. Et une armoire.

Le logement du nouveau maître, voilà un problème auquel je n’avais pas pensé. Bien sûr Amadou m’avait dit que ce n’était pas un problème, "amoul ben problème." Mais arrivé au village, il a bien fallu lui trouver une place. Bien sûr n’importe qui voulait bien l’accueillir chez lui et partager son lit : quand il y a de la place pour trois, il y a de la place pour quatre... Mais le maître avait besoin d’une chambre individuelle.

Finalement, un petit réduit de 6 mètres carrés qui servait de débarras chez Ndir a déjà été déblayé et il aura sa chambre. Il a déjà une éponge comme matelas, c’est à dire un morceau de mousse, mais il manque encore une porte et une serrure. On prendra une des tables-bancs inutilisée par les CM1 pour lui constituer un bureau.

Il va falloir qu’il s’habitue à la vie au village, sans eau courante, sans électricité. Et à la nourriture spartiate, arachides, riz au gniébés, mafé, mil, couscous de mil avec sauce d’arachide, riz au poisson quand il y a du poisson, oeufs, pigeons et coqs selon les finances de la maison, et si possible viande, chèvre ou mouton, les jours de fête.

J’ai demandé qui faisait quoi. Qui prenait en charge la nouvelle fournée d’élèves. Ils ont arrangé ça entre eux. Sakho garde l’ancienne classe et ses élèves qui seront en CM1 cette année. Dieng a pris les nouveaux inscrits et assurera donc le CI, le cours d’initiation qui inaugure le cycle primaire au Sénégal, avant le CP.

Les élèves vont apprendre à tenir un stylo. Ils vont apprendre à tracer pour la première fois sur du papier. Les premières semaines sont consacrées à établir la discipline. Faire mettre les élèves en rang, leur apprendre le silence et les premiers mots de français. Bonzour moussié. En rang. Assis. Debout. Après il faudra que le maître prépare des modèles sur les cahiers double ligne et ils apprendront à tracer les lettres.

Pour l’instant ils apprennent à compter avec des bâtonnets et des capsules et aussi à tracer des chemins sur leur ardoise. Des lignes parallèles. Et puis ils font aussi les premiers exercices graphiques. Recopier des frises de traits et des cercles que le maître dessine au tableau.

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Mais le problème numéro un c’est l’effectif. Il y a 79 inscrits, seulement 18 tables-bancs et pas la place d’en rajouter d’autres. Le point positif c’est qu’il y a quasiment autant de filles que de garçons. Comme j’étais effaré par le nombre j’ai évoqué la possibilité de diviser l’effectif en deux groupes : matin et soir. Ici on appelle ça "double-fluxe" mais les parents y sont hostiles car ils s’imaginent que si les enfants vont deux fois moins à l’école ils apprendront deux fois moins.

Nous avons convenu que soit organisé une réunion avec les parents d’élèves pour parler du problème.


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