Santhiou Bouna

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3. La toilette

lundi 31 mars 2003, par Christophe D.


Ndeye s’est recouchée après la prière du matin. Elle est malade. Amadou dit qu’elle a du palu. Je ne sais pas s’il faut le croire car ici on appelle toutes les fièvres du palu.

C’est Fatma qui m’a apporté l’eau pour ma toilette du matin. J’ai pris mon savon, ma serviette, mon pot et j’ai retrouvé mon seau d’eau, à l’abri des regards, sur le débris plat de béton qui sert de pierre de douche.

Je pose mes vêtements sur la palissade de mil. Elle est devenue bien vieille, il faudrait la changer, mais Amadou m’a expliqué que le mil n’a pas poussé assez haut cette année pour faire des tiges de clôture.

Je cale mes Birkenstock à l’abri des éclaboussures, m’accroupis devant le seau, et me verse un pot d’eau sur la tête. J’ai une technique, maintenant, pour assurer mon équilibre. Je serre le seau entre mes genoux, je ferme les yeux et je m’arrose.

Ils ne font pas comme ça.

Ils vont debout sur la pierre avec leur sandales en plastique. Penchés en avant ils rincent leur corps en jetant l’eau avec les mains, ils utilisent rarement du savon mais se frottent longuement avec un morceau de filet en plastique. Ils ne s’essuient jamais avec leur serviette mais la portent en pagne le temps de sécher.

J’évite le filet de plastique, car il fait mousser mon savon et je n’aurais jamais assez d’eau pour me rincer. Je me sèche entièrement avant de rechausser les sandales, de nouer la serviette autour de ma taille et de rentrer m’habiller.

Pour la journée, une chemisette légère ou un débardeur et mon jean marron coupé en bermuda - le même depuis quatre ans, depuis mon premier séjour. Après la douche du soir, un tee-shirt à manches longues, pantalon, chaussettes et chaussures fermées. Et si j’oublie, on me rappelle de porter mon bonnet, car on attrape du rhume à cause du brouillard.

Les enfants n’ont pas tant précautions ni autant de vêtements que moi. Ils mettent ce qu’ils ont et continuent à se rouler dans le sable froid. Ahmed, qui a peut-être quinze ans, met un grand tissu sur sa tête. Dans l’obscurité on dirait une vieille femme au moment de la prière, mais son énergie et son rire le trahissent.

Ndeye est restée couchée toute la journée. Normalement on attend que la fièvre passe, mais comme je suis là et que j’ai de l’argent, on discute de la conduire au dispensaire, lundi, quand il y aura des charrettes pour faire le voyage.

Il fait nuit, Amadou a sorti la batterie. Il installe la télé sur une chaise en plastique.


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