Santhiou Bouna

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4. La maison

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


La maison (keur), c’est l’enclos dans lequel sont groupées les cases de la famille d’Amadou : un grand carré d’environ vingt mètres de côté (il faudra la prochaine fois que j’essaie d’établir un plan), mais avec la disposition des cases et les clôtures intérieures, on a plutôt l’impression d’un espace allongé vers le fond.

Au milieu du terrain il y a deux "cerisiers" (cirris) qui fournissent l’ombre et de petits fruits bruns et secs de la taille de nos cerises. Le village entier comme la brousse environnante ne sont que de sable fin.

A l’entrée à droite, la case du père d’Amadou, décédé en début d’année et inhabitée depuis. A gauche plus loin, la case de sa mère. Puis une ancienne case "cuisine" qui sert maintenant de débarras. A droite une palissade sépare la case où dorment Modou et Pape, la nouvelle case cuisine, le canari où on stocke l’eau et la zone de toilette.

Les cases et les clôtures sont faites de tiges de mil d’environ 1m70, liées ensemble par le fil de fer récupéré des sommiers de lits métalliques anciens. Comme poteaux, on utilise des branches de silane. C’est un arbuste aux bois mou qui sécrète une sève blanche et collante. Une fois enfouies dans le sable, les branches de silane reprennent vie et arborent de petites feuilles vertes oblongues.

Le fond du terrain est barré par l’édifice en parpaing et tôle ondulée qu’Amadou a construit avec l’argent de la pêche : trois cases dont la sienne, au centre, est la seule terminée. Celle qu’il a attribuée à son frère Sidi n’a qu’un sol en banco, celle de gauche n’a encore ni sol, ni toit, ni porte. On y jette parfois quelques détritus. Il y traîne en ce moment des piles usagées, de vieilles semelles de tongs, des petits morceaux de sacs en plastique.

Derrière habite un petit cheval blanc, il y aussi la boîte faite de brindilles tressées et de carton où on enferme les poules pendant la nuit. Dans la journées elles vaquent à leur picorage un peu partout accompagnées parfois de quelques moutons.

On est assis à l’ombre, Sidi apporte des arachides et m’en offre. Il les épluche d’une main en laissant tomber les cosses et recrache machinalement les débris d’écorce qu’il aurait négligés. Il me faut deux mains et pleins d’embarras pour venir à bout d’une seule petite poignée.

C’est alors qu’Ali m’invite à venir manger.


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