samedi 3 juin 2006, par Christophe D.
Depuis que je me suis engagé à Santhiou Bouna, la scolarisation des enfants est ma priorité et les récompenses de fin d’année une façon de populariser l’école et d’encourager les élèves.
J’avais jusqu’ici délégué l’achat des prix aux maîtres, mais cela n’a pas toujours été sans heurts. Les professeurs ont autre chose à faire que courir les marchés à la recherche de cadeaux, et nous n’étions pas forcément d’accord sur les choix effectués : vêtements, gadgets made in china, lait en poudre, bonbons...
L’année dernière, du fait des difficultés financières notoires des villageois à cause du ravage des cultures par les criquets, j’avais accepté que la somme allouée pour l’achat des prix (5000 CFA/élève) soit directement remise aux enfants, mais au fond je rêvais que chacun reçoive un livre comme cela se faisait dans mon enfance. J’ai donc passé deux samedis après-midi à la Fnac et ailleurs à la recherche de cinq fois cinq ouvrages à moins de dix euros pour mes petits broussards qui apprennent courageusement le français. Des textes illustrés si possible, accessibles à leur niveau de lecture autant que je puisse en juger, et qui ne leur infusent pas nos modes de vie occidentaux.
Bien sûr on peut critiquer l’idée de récompenser les cinq meilleurs de chaque classe et l’arbitraire arithmétique qui privera certains de cadeau pour un centième de point de moyenne générale. Injustices, jalousies et tristesses... Je sais cependant que ce seront les premiers livres à entrer dans bien des maisons et qu’ils seront largement partagés comme tous les objets précieux du village. Aussi vais-je consacrer mon après-midi à les couvrir avant de les poster.