Santhiou Bouna

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12. Jour de baptême

jeudi 13 février 2003, par Christophe D.


Toute la nuit, on a entendu des femmes piler loin dans le village. Ce samedi, il y a un baptême, derrière chez Diao.

On célèbre les naissances sept jour après l’accouchement. C’est le premier enfant d’un cousin d’Amadou et il a fait les choses en grand. Moussa raconte que tout ce qu’il a gagné de la récolte 1999 a été dépensé dans la cérémonie.

Vers midi il est décidé que c’est l’heure d’y aller. Je prends l’appareil photo en prévision.

Bien avant d’arriver on aperçoit déjà la foule. A côté de l’entrée, sous les arbres, des femmes pilent encore et préparent la nourriture dans de grands chaudrons. Dans la cour on a tendu un immense carré de toile à l’abri de laquelle sont assises une cinquantaine de femmes. Les hommes sont regroupés sous le grand cerisier de la cour, autour du chef de village.

Dès que je sors mon appareil, on me réclame des "poses", et dès que j’en accorde une, cinq adultes et vingt enfants s’agglutinent pour figurer sur le cliché. On les chasse mais il reviennent et je suis obligé de renoncer à faire des photos pour l’instant.

On attend. Les invités arrivent toujours plus nombreux et puis on m’annonce qu’on va donner le nom... Le marabout parle mais je n’arrive pas à suivre ce qui se passe. On me convoque alors pour immortaliser l’enfant baptisé dans les bras de sa mère, et réaliser quelques portraits solennels. J’espère que le Minox ne déconnera pas et que mes compensations de contrejour auront été judicieuses, bref que je n’aurais pas trop de photos ratées...

Puis on tue un mouton. C’est Sidi qui s’en charge. Là, sous mes yeux, il le saigne proprement et l’animal s’abandonne en silence en quelques secondes.

On sert maintenant de grands plats de sangaré qui voyagent au-dessus de nous. Ceux qui ont mangé s’écartent pour laisser la place à d’autres et à de nouveaux plats de la même mixture de mil et de lait. C’est pour préparer tout cela qu’elles ont pilé depuis hier soir.

J’accorde quelques poses et j’ouvre grand mes yeux. Les femmes ont mis leur plus beaux vêtements, certaines arborent même des chaussures à talons, les hommes ont mis leur grand boubou et des babouches. Ceux qui n’ont pas de vêtements vont dans leurs haillons avec leurs sandales habituelles.

Il fait très chaud et avec tout ce monde ça soulève beaucoup de poussière. Amadou prend soin de moi et préfère que nous rentrions. Ca va durer jusqu’au soir et on reviendra.

Je ne me déplace pas sans attirer une nuée d’enfants. Chérif me tient la main et m’enjoint de refuser des "poses" à tous les quémandeurs.


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